dernier envol
Les terres vallonnées et brûlées, ocres mutilés de rouille, tâchées de
l’ombre transparente et déchiquetée de nuages aux teintes fiévreuses
engloutissent mon regard… mes yeux s’embuent tant les terres ont été
défigurées par des soleils artificiels et des centrales nucléaires «
propres » !
Un dernier survol de ce havre de paix que nous avons
gaspillé… Ici, plus un immeuble, juste quelques carcasses de véhicules
et des cratères de dimensions variables… quelques armatures de bétons,
ferrailles cauchemardesques, résidus des squelettes, et surtout de la
poussière qui flotte en minces couches et laisse apercevoir les bitumes
fissurés, les bordures de trottoirs éclatées, les pavés en vrac… rien
n’a résisté au derniers soubresauts de la nature… à l’agonie qui l’a
secouée une dernière fois, ultime résistance aux attaques forcenées des
êtres qui la peuplaient, qui la surpeuplaient ! Peu d’entre eux ont pu
se sortir du lot de tous… pourquoi ?
- Il restait quelques véhicules spatiaux de dernière génération à pilotage convivial disait-il… Juste quelques touches sur lesquelles il fallait appuyer… et puis même, si ça n’était pas la bonne… même… -
Je m’approche des côtes… les brumes sont persistantes et ne laissent pas filtrer trop de soleil… les reflets sur l’océan, gris et ténébreux, taché d’huile sombre, vidanges quelconques et trop répétées de nos ancêtres et de nos générations, engloutissent toute luminosité qui oserait prétendre se refléter sur cette houle calme et paresseuse. Se laissent apercevoir quelques mouettes ou cormorans aux ailes engluées, flottant au gré des vagues grasses, volatiles adaptés maintenant à leurs nouvelles contingences, ne volant plus depuis bon nombres d’années… je n’ai, d’ailleurs, aucun souvenirs de les avoir jamais vu dans les airs !
Un dernier regard vers le sol, vers la mer… j’appuie sur la touche propulsion maximum…
Et m’enfonce dans l’obscurité de l’univers
Adieu mon havre !